DÉCRET N°95-408 DU 18 AVRIL 1995
 relatif à la lutte contre les bruits de voisinage et modifiant le code de la santé publique

JO du 19 avril 1995

Le Premier Ministre, Sur le Rapport du ministre d’État, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, du ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire, du ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la justice, du ministre d’État, ministre de la défense, du ministre de l’équipement, des transports et du tourisme, du ministre de l’environnement, du ministre délégué à la santé, porte-parole du Gouvernement, et du ministre délégué à l’aménagement du territoire et aux collectivités locales,

Vu le code de la santé, notamment les articles L.1, L.2 et L.48, Vu le code des communes Vu le code du travail, Vu le code pénal, notamment l’article R.610-1, Vu la loi n°76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement, Vu la loi n°92-1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, Vu l’avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France en date du 15 septembre 1994, Le Conseil d’État (section sociale) entendu.

Décrète :

Art. 1er

Il est créé dans le livre Ier du code de la santé publique (deuxième partie : Décrets en conseil d’État) un titre Ier intitulé : " Mesures sanitaires générales ".

Ce titre Ier comprend un chapitre VI ainsi rédigé :

 Chapitre VI : Dispositions pénales

 Art R. 48-1 - Les dispositions des articles R-48-2 à R-48-5 s’appliquent à tous les bruits de voisinage, à l’exception de ceux qui proviennent des infrastructures de transport et des véhicules qui y circulent, des aéronefs, des activités et installations particulières de la défense nationale et des installations classées pour la protection de l’environnement et des bruits perçus à l’intérieur des mines, des carrières, de leurs dépendances et des établissements mentionnés à l’article L.231-1 du code du travail.

 Art R. 48-2 - Sauf en ce qui concerne les chantiers de travaux publics et privés et les travaux intéressant les bâtiments et leurs équipements soumis à une procédure de déclaration ou d’autorisation, sera punie de l’amende prévue pour les contraventions de troisième classe toute personne qui, dans un lieu public ou privé, aura été à l’origine par elle-même ou par l’intermédiaire d’un personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité, d’un bruit particulier de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme par sa durée, sa répétition ou son intensité. " Les personnes coupables de l’infraction prévue au présent article encourent également la peine complémentaire de confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction. " Le fait de faciliter sciemment, par aide ou assistance, la préparation ou la consommation des contraventions prévues au présent article est puni des mêmes peines.

 Art. R. 48-3 - Si le bruit mentionné au premier alinéa de l’article R. 48-2 a pour origine une activité professionnelle ou une activité culturelle, sportive ou de loisir organisée de façon habituelle ou soumise à une autorisation, les peines prévues audit article ne sont encourues que si l’émergence de ce bruit perçue par autrui est supérieure aux valeurs limites admissibles définies à l’article R. 48-4 et si, lorsque l’activité est soumise à des conditions d’exercice fixées par les autorités compétentes, la personne qui est à l’origine de ce bruit n’a pas respecté es conditions.

 Art. R. 48-4 - L’émergence est définie par la différence entre le niveau de bruit ambiant, comportant le bruit particulier en cause, et celui du bruit résiduel constitué par l’ensemble des bruits habituels, extérieurs et intérieurs, dans un lieu donné, correspondant à l’occupation normale des locaux et au fonctionnement normal des équipements. " Les valeurs admises de l’émergence sont calculées à partir des valeurs de 5 décibels A (dB(A)) en période diurne (de 7 heures à 22 heures) et de 3 dB(A) en période nocturne (de 22 heures à 7 heures), valeurs auxquelles s’ajoute un terme correctif, fonction de la durée cumulée d’apparition du bruit particulier, selon le tableau ci-après :

 L’infraction n’est pas constituée lorsque le niveau de bruit ambiant mesuré, comportant le bruit particulier, est inférieur à 30 dB(A). " Les mesures du bruit sont effectuées selon les modalités définies par arrêté des ministres chargés de la santé, de l’environnement, de l’équipement, des transports et de la construction.

Art. R. 48-5 - Sera punie de l’amende prévue pour les contraventions de troisième classe toute personne qui, à l’occasion de chantiers de travaux publics ou privés et de travaux intéressant les bâtiments et leurs équipements soumis à une procédure de déclaration ou d’autorisation, aura été à l’origine d’un bruit de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme qui

1° Soit n’aura pas respecté les conditions d’utilisation ou d’exploitation de matériels, ou d’équipements fixées par les autorités compétentes ;

 2° Soit aura négligé de prendre les précautions appropriées pour limiter ce bruit ;

 3° Soit aura fait preuve d’un comportement anormalement bruyant.

Art. 2

Le décret n°88-523 du 5 mai 1988 pris pour l’application de l’article L. 1 du code de la santé publique et relatif aux règles propres à préserver la santé de l’homme contre les bruits de voisinage est abrogé.

Art. 3

Le ministre d’État, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, le ministre d’État, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire, le ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la justice, le ministre d’État, ministre de la défense, le ministre de l’équipement, des transports et du tourisme, le ministre de l’environnement, le ministre délégué à la santé, porte-parole du Gouvernement, et le ministre délégué à l’aménagement du territoire et aux collectivités locales sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal Officiel de la République française.

Fait à Paris, le 18 avril 1995